L'affaire du "Tas de briques"

L’affaire du « Tas de briques »

C’est l’hécatombe à Guise. Les cadavres poussent dans les briques et dérangent la tranquillité de la petite communauté ouvrière. Un journaliste de l’Huma, Victor Leblanc, mène l’enquête.

A l’aube de la grande boucherie de 14-18, que représente une poignée d’assassinats au regard de la menace de guerre, de l’assassinat de Calmette, le directeur du Figaro et de celui de Jaurès, le défenseur de la paix ? Un fait divers, une anecdote, quelques lignes dans la rubrique des chiens écrasés. Avec les recettes d’un polard traditionnel et sous l’œil d’un observateur choisi, l’intrigue sert de support à une fable sociale. Le Familistère est l’exemple trop rare de la réalisation concrète d’un système collectiviste. Ce « Palais Social » a été construit par Jean-Baptiste Godin, un artisan autodidacte qui avait réussi à fonder une usine de poêle en fonte en y logeant les travailleurs. Les ouvriers sont à la fois les propriétaires et les patrons. Le développement du Familistère permet la création des écoles, d’un théâtre, d’une piscine, le lieu devient une petite ville autonome fondée sur les valeurs de l’équité et du travail.

 

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Les décors sombres, les gueules cassées des personnages fournissent les ingrédients à ce thriller haletant et réaliste. Le sang n’est toutefois que très peu mis en scène et le dessinateur s’amuse plutôt à retranscrire fidèlement l’ambiance de ce lieu historique où les hommes évoluent avec leurs imperfections, leur orgueil, leur lâcheté et leurs différences. De l’idéal à la réalité, la communauté ne vaut guère mieux qu’une autre. La promiscuité envenime les rapports, dévoile l’incompatibilité et l’attachement des êtres. Celui qui possède et fonde une famille protège ses biens et les siens. La conscience d’avoir touché au but détruit l’ambition d’aller plus loin. La résignation tue au Familistère, l’autosuffisance ruine la solidarité et empêche la coordination des luttes. Contre qui faire grève quand on est soi-même le patron? Les mises en perspective du contexte international insistent sur le point de rupture de l’utopie réalisée : le décrochage entre les grands et les petits problèmes, l’idéal et le banal du quotidien. Dans cette fiction du domaine du possible, il y une leçon à comprendre, une utopie à réinventer.

Lucie Servin

 

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Site du familistère :

 http://www.familistere.com/site/in…

Editions Casterman :

http://bd.casterman.com/albums_detail.cfm?id=38536

Blog de David François :

http://francoisdav.blogspot.com

Entretien avec Régis Hautière :

http://www.auracan.com/Interviews/162-entretien-avec-regi…

Vidéo sur culture Box :

http://culturebox.france3.fr/all/29302/de-briques-et-de-s…

Cahier spécial du Courrier Picard :

http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Cahiers…

 

 

brique_et_de_sang.JPGDe Briques et de Sang,
Régis Hautière et David François, Éditions Castermanoctobre 2010