Pablo, le titre de la série est trompeur. Car c’est la vie de Fernande Olivier, le premier grand amour de Picasso, que la journaliste Julie Birmant a décidé de mettre en scène. Véritable égérie du peintre à ses débuts, Picasso l’a faite figurer sur près d’une centaine de toiles, dont Les demoiselles d’Avignon en 1907. Une destinée qui retrace en filigrane les débuts du peintre à Paris et leur liaison qui dure jusqu’en 1912. La belle Fernande, muse de la misère, reniée par l’artiste après leur rupture, n’aura même pas gardé un tableau et ses mémoires Souvenirs Intimes n’ont pu être publiées qu’après la mort de Picasso. Après Max Jacob, ce deuxième tome est consacré à Guillaume Apollinaire, le poète de Saint-Lazare, mais on regrettera que les œuvres autant du poète que du peintre n’enrichissent pas davantage le propos. Pourtant, le récit prend son souffle, soutenu par le dessin au crayon et au fusain de Clément Oubrerie, qui excelle à évoquer l’atmosphère si particulière de la butte Montmartre au début du siècle, entre les flonflons de Pigalle et du cirque Medrano, les artistes du Bateau-lavoir et les ivrognes du Lapin agile. La texture aqueuse des couleurs ajoute à la justesse de cet album très réussi.

Lucie Servin

->Retrouvez ce coup de coeur dans le n°33 de BDSphère publié le 4 octobre 2012.

Pablo, tome 2, Apollinaire, Julie Birmant et Clément Oubrerie, Dargaud, 84 pages, 16,95 euros.

ISBN-13: 978-2205070170

Follow