Paella? dialogue avec le neuvième art

Paella? dialogue avec le neuvième art

 

Tout à la fois peintre, affichiste et plasticien, Paella? n’a de cesse depuis 1985 d’interroger l’art et l’actualité à travers ses personnages aux visages de spirale et ses slogans  plein d’humour qui interpellent les spectateurs aussi bien dans la rue que dans les galeries. Ce roi du détournement critique utilise aujourd’hui les grandes icônes de la bande dessinée franco-belge et des comics à travers des œuvres exposées actuellement dans le bar le Duplex (Paris 3e) et regroupées dans un livre Paella ? BD ? en présentation ce jeudi 28 février de 20h à 21h30.

De la Chose des Quatre fantastiques à Popeye en passant par Little Nemo ou le Marsupilami, Paella? utilise toutes ces icônes populaires comme autant de références pour dialoguer avec le spectateur. L’artiste ne se contente pas de faire ici une allusion de connivence mais interpelle la conscience critique par des mises en situations drôles et des phrasés provocateurs.

“Je ne m’intéresse pas vraiment à l’histoire de ces héros de bande dessinée, je me sers de ce qu’ils évoquent comme archétype”, explique le peintre. Et de fait, en utilisant des ingrédients communs de notre culture populaire, le détournement de ces symboles du neuvième art sonne comme une interjection : Paella? interpelle, questionne comme ce point d’interrogation qu’il juxtapose à sa signature et qui rappelle cette forme de spirale sur le visage de tous ses personnages depuis ses toutes premières créations.

Michel Palacios, d’abord Paella Chimicos (85-99) d’une anagramme construite à partir de son nom, dit Paella? (depuis 2000), est né en 1962, de parents espagnols. L’artiste a commencé sa carrière d’affichiste et de peintre au milieu des années 1980. Avec un collectif d’artistes, après sa licence d’arts plastiques, il s’installe aux Frigos, à Paris, où il a toujours son atelier. Figure emblématique de la scène artistique alternative parisienne depuis la fin des années 80, Paella propose une “Figuration Délibérée” en référence à la Figuration Libre, un courant né dans les années 80 en réaction à l’art conceptuel et minimaliste et théorisé par Hervé Perdriolle, l’auteur de Figuration Libre, une initiation à la culture mass medias publié aux Editions Axe-Sud en 1984.

Robert Combas expliquait : “Pour moi une toile peut être influencée par des publicités africaines, par l’illustration de livres d’école primaire, mélangée à du Picasso ou à du Miró ou alors, un dessin genre BD, plus des fausses écritures arabes, plus une peinture brute, très Dubuffet. La figuration libre est une peinture qui mélange ses instincts primitifs et une volonté de culture.”

Si l’oeuvre entière de Paella? revendique la même liberté et les mêmes influences figuratives, elle s’en détourne en refusant l’affirmation et en s’inscrivant plutôt dans un mouvement réflexif de questionnement et de dialogue. Du pastiche à la parodie, en artiste polymorphe, Paella? est passé maître dans l’art du détournement. Il est également l’auteur d’un roman L’autopsie du Greco paru en 2009, qui rend hommage au peintre espagnol en proposant des interprétations inédites. Bercé depuis l’enfance par Pilote, Spirou ou les comics américains, il s’imprègne ensuite la culture Rock et BD de son époque et la tonalité iconoclaste de journaux comme Hara-Kiri, Charlie Mensuel ou encore Fluide glacial. Déjà en 2000, il s’amusait dans la série FractalFractos à reprendre les strips de la presse pour en dénoncer l’insignifiance et la répétition. Aujourd’hui, il expose et compile dans un livre des oeuvres qui parodient les grandes figures du neuvième art.

  • Présentation du livre, ce Jeudi 28 Février au Duplex Bar de 20h à 22h30 – 25 rue Michel le Comte – Paris 3ème , exposition jusqu’au dimanche 3 Mars de 20h à 21h30.
  • Retrouvez Paella sur internet :  Paella –  Paella Chimicos