Soucoupes, la poésie de l’espace
A l’heure où la Nasa nous fait rêver en annonçant la découverte d’une autre terre, une planète cousine située à 1400 années-lumière de la nôtre, gravitant autour d’un autre soleil, je ne résiste pas à vous conseiller la lecture de Soucoupes, l’album d’Arnaud Le Gouëfflec et Obion sorti récemment chez Glénat. Une oeuvre poétique au graphisme superbe, qui initie au langage extraterrestre.
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Un conte, une farce, une fable. Une sorte de tragi-comédie en cinq actes qui finit bien, ambiance retro pour un pacte imaginaire, un voyage intersidéral, une leçon de vie, un rêve et une évasion. Soucoupes, d’Arnaud Le Gouëfflec et Obion, c’est tout ça à la fois.
Des extraterrestres pacifistes ont débarqué. Le peuple se réjouit, mais pas Christian, le prototype, l’homme choisi par un extraterrestre-robot pour étudier les pratiques humaines, la musique, l’art, la philosophie, le plaisir, la souffrance, en un mot, l’homme. Christian, le bel exemple ! celui qui trompe sa femme en promettant la lune à sa maitresse, un disquaire aigri qui se plaint de tout et surtout de sa mère. L’extraterrestre enregistre sans répondre, en scaphandre télépathe et muet. En échange des informations, il paye néanmoins en cadeaux, comme il exaucerait des vœux en frottant une lampe. Les surprises oniriques transportent alors joyeusement le conte dans une spirale à la fois optimiste et triste, une beauté mélancolique et rieuse.
Le duo signe ici un remarquable album. Il faut absolument aller voir les bonus publiés sur le blog d’Obion qui donneront au lecteur curieux les clés de quelques références qui fourmillent dans les cases. Soucoupes embarque par la couleur, les mots s’effacent presque, sous entendus par le rythme léger d’un scénario aérien qui sonde avec humour et en profondeur les mécanismes du désespoir, de la frustration des désir à l’anéantissement de leur réalisation.
Le disque tourne et joue la chanson d’une vie en rond. Le mouvement circulaire entraine la mise en scène, la composition, les formes et les traits qui dansent; les teintes qui vibrent dans l’espace étoilé. Cette BD sans être muette, parvient par l’économie des mots à atteindre une dimension visuelle parallèle, une universalité extrahumaine, extraterrestre. Une expérience offerte en alternative aux illusions et aux paradis terrestres, où la finalité reste le bonheur.
Lucie Servin
Soucoupes, Arnaud Le Gouëfflec et Obion, Glénat, 88 pages, 20.50 €