Dessine-moi… Loup Larsen

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[chap] A vos crayons amis dessinateurs! Après avoir adapté en 2009 le roman de Mac Orlan, À bord de l’Étoile Matutine, Riff Reb’s s’est brillamment attaqué au Loup des mers de Jack London édité dans la collection Noctambule chez Soleil. Une transposition sublime dont la galerie Daniel Maghen à Paris expose en ce moment des originaux jusqu’au 9 mars. Librement inspiré du chef-d’oeuvre de l’écrivain américain, Riff Reb’s s’appuie sur une prose imagée et virtuose qui en appelle à l’imagination du lecteur. Laissez-vous aller et proposez à votre tour le portrait de l’impitoyable Loup Larsen [/chap]

-> Retrouvez la chronique sur l’album de Riff Reb’s dans le numéro 39 de notre magazine

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L’histoire : Humphrey Van Weyden, un intellectuel fortuné, critique littéraire dilettante, spécialiste d’Edgar Allan Poe et de littérature américaine embarque à bord d’un ferry pour traverser la baie de San Francisco. Le bateau fait naufrage et l’élégant est recueilli et enrôlé de force dans l’équipage de la goélette Le Fantôme, un navire chasseur de phoques en route pour le Japon, commandé par le capitaine Loup Larsen, une brute tout de muscles et de méchanceté. Van Weyden s’endurcit à la vie en mer, ses mains blanches rompues à l’épluchage des patates et sa peau tannée par le soleil et rongée par le sel projettent avec violence le candide dans l’apprentissage rude de la vie en mer sous les ordres d’un capitaine diabolique.

Le Portrait de Loup Larsen : extrait du chapitre 2

“Loup Larsen, lui, ne riait pas. Mais une petite lueur amusée dansait dans le gris d’acier de ses prunelles. Comme il s’était rapproché de moi, je pus l’examiner de plus près. Ce que je voyais à présent, c’était l’homme, et non plus seulement son physique et son impétuosité blasphématoire. Sa figure carrée, aux traits fortement marqués, présentait de prime abord, comme le reste du corps, un aspect massif et brutal. Mais on sentait derrière cette force presque bestiale, la présence d’une formidable, quasi effrayante, puissance mentale et spirituelle. Là encore, à la réflexion, l’impression première se modifiait. La mâchoire, le menton, le front haut qui se bombait au-dessus des yeux indiquaient une incomparable virilité. Il eût été vain de prétendre sonder la profondeur d’un tel esprit ou de chercher à le faire entrer dans nos catégories coutumières.

Les yeux, que j’étais promis par le destin à fréquenter de plus près, sous ce front, étaient grands et beaux, écartés comme ceux d’un artiste, et ombragés par d’épais sourcils noirs. Comme sur ces soies chatoyantes qui changent de couleur à la lumière du soleil, mille reflets divers s’y jouaient, qui allaient du gris clair au gris foncé, et du vert de la mer au bleu du ciel. Et ces yeux étonnamment changeants habillaient cette âme de mille déguisements, de milles nuances, ne la laissant s’échapper qu’à de rares instants pour partir dans sa nudité à l’assaut du monde. Ils étaient également susceptibles de méditer avec tristesse sous un soleil de plomb, de s’allumer d’éclairs de feu, comme une épée tourbillonnante, de se glacer comme un paysage de l’Arctique, ou de fasciner, sous leur flamme amoureuse, la femme convoitée, jusqu’à ce qu’elle se livre, heureuse et vaincue.”

Extrait de Jack London, Le Loup des mers, traduit de l’américain par Louis Postif et Paul Gruyer revue et complétée par Philippe Gerval et Isabelle D. Philippe, Libretto, 404 pages, 10, 80 euros