De alger la blanche à Alger la noire

De alger la blanche à Alger la noire

 

Après L’Hôte, la nouvelle d’Albert Camus adaptée chez Gallimard en 2009, Jacques Ferrandez, rendu célèbre par sa saga magistrale Les Carnets d’Orient, publiée en dix tomes aux éditions Casterman, revient sur l’histoire algérienne en adaptant en bande dessinée le polar de Maurice Attia. Janvier 1962, un arabe et une blanche sont retrouvés assassinés et nus dans une position équivoque sur une plage d’Alger. A l’annonce de l’indépendance, l’O.A.S. (Organisation armée secrète), groupuscule terroriste d’extrême-droite, multiplie les attentats pour semer la terreur et continuer la guerre contre les indépendantistes algériens du FLN (Front de libération nationale). Comme dans Azrayen de Frank Giroud et Christian Lax, le couple métis cristallise les enjeux du conflit et permet de rendre compte d’une réalité complexe. A travers cette enquête passionnante menée par un fils d’anarchiste espagnol tué pendant la guerre civile, Maurice Attia met en scène les coulisses de cette ”sale guerre“. En toile de fond, le dessin en couleur directe de Ferrandez restitue avec brio l’ambiance de cette époque dans des cases où fourmillent des détails réalistes. Quoi de plus évident que le choix de ce dessinateur qui a fait de l’Algérie sa spécialité pour mettre en scène ce polar dans une adaptation tout naturellement réussie. Plus qu’un polar, un récit social de haute tenue sur les dernières heures de l’Algérie française.

Lucie Servin

  • Jacques Ferrandez est à l’honneur dans l’exposition consacrée à l’Algérie Française de 1830 à 1962, actuellement au Musée des Invalides à Parisjusqu’au 25 juillet.

Alger la noire, Maurice Attia & Jacques Ferrandez, Casterman/Rivages noir, 136 pages, 18 euros.

ISBN-13: 978-2203045651-

>Retrouvez ce coup de coeur dans le n°17 de BDSphère publié le 17 mai 2012.